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Une direction de la QVT à Bordeaux pour : « permettre à chacun de se consacrer pleinement à son métier »


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 9 Février 2022 à 13:18 | Lu 1772 fois


Anticipant les nouvelles attentes des professionnels de santé, le pôle Ressources humaines du CHU de Bordeaux s’est doté, depuis bientôt deux ans, d’une direction de la Qualité de vie au travail (QVT), dirigée par Valérie Astruc et qui centralise plusieurs missions dédiées aux agents de l’hôpital. Hospitalia a voulu en savoir plus.



Valérie Astruc, directrice de la Qualité de vie au travail au CHU de Bordeaux. ©DR
Valérie Astruc, directrice de la Qualité de vie au travail au CHU de Bordeaux. ©DR
En poste depuis mars 2020, vous êtes la première directrice de la QVT au CHU de Bordeaux. Pourriez-vous nous évoquer votre parcours ?
Valérie Astruc : Directrice d’hôpital depuis 1995, j’ai fait toute ma carrière dans les directions des ressources humaines de différents établissements hospitaliers, avant d’arriver au pôle RH du CHU de Bordeaux en 2010. Quelques années plus tard, le directeur général du CHU, Yann Bubien, et le directeur du pôle RH, Matthieu Girier, ont souhaité créer quatre grandes directions thématiques, dont une spécifiquement dédiée à la QVT. J’ai alors été nommée à sa tête.

Pourquoi justement constituer cette direction QVT ?
La prise en compte de la qualité de vie au travail au sein du monde de la santé n’est pas un mouvement récent, c’était déjà l’une des préoccupations majeures de la Haute Autorité de Santé lors du ministère de Marisol Touraine. La QVT est une autre manière de prendre en considération les professionnels de santé et cherche à trouver des solutions pratiques d’amélioration tangible du contexte de travail au profit des agents. Elle développe l’attractivité et la fidélisation des agents par la prise en compte d’un certain nombre de thématiques, comme l’intérêt de l’exercice quotidien, le sens donné au travail, mais aussi l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Aucun secteur n’échappe à ce changement de paradigme qui s’est aujourd’hui implanté dans toutes les sphères économiques. À nous de nous adapter pour répondre à des attentes qui évoluent.

Quelles sont plus concrètement vos missions ?
Au CHU de Bordeaux, la direction de la QVT ne compte qu’une dizaine d’agents, positionnés sur des missions thématiques, et peut donc être qualifiée de « direction légère » au regard des 14 200 personnels de l’établissement. Nos missions n’en sont pas moins très variées, et concernent aussi bien le service spécial des personnels que le soutien au logement, l’intégration du handicap, ou encore la lutte contre les violences et discriminations. Nous avons également sous notre responsabilité les trois crèches d’entreprise du CHU, qui totalisent 180 places agréées et desservent 300 familles. Ces structures entrent en effet dans le cadre des missions liées à la QVT, puisqu’elles permettent de soulager les parents de la charge mentale représentée par le placement d’un enfant dans une crèche éloignée. Issue, comme je le disais, de la réorganisation du pôle RH, notre direction est somme toute l’héritière d’un certain nombre d’actions engagées précédemment. Sa constitution n’a d’ailleurs engendré aucune création de postes. Elle a néanmoins permis de redéployer des personnels dans une logique QVT, c’est-à-dire avec l’objectif d’alléger la charge mentale des 12 000 agents non médicaux du CHU.

Quels sont les avantages de disposer d’une direction de la QVT ?
Même si les agents qui y exercent étaient déjà, pour certains, actifs au sein du pôle RH, leurs missions n’étaient pas aussi centrées sur la QVT. Ils peuvent désormais se concentrer davantage sur cette thématique, et surtout approfondir les différentes problématiques identifiées et gérer plus efficacement des dossiers transversaux. Notre objectif premier, celui qui sous-tend toutes nos actions, est in fine de permettre à chacun de se consacrer pleinement à son métier. Cela passe par la mise en œuvre d’actions contribuant à l’atténuation de la charge mentale, mais aussi par la prise en compte de la parole individuelle. Bien sûr, on peut témoigner de la considération dans les espaces de discussion. Mais nous avons dès le départ souhaité aller plus loin, avec la création d’un comité de pilotage QVT associant des psychologues du travail, et qui travaille sur les conditions d’exercice, l’écoute des envies et des besoins, et la mise en valeur des professionnels de l’établissement.

Vous évoquiez plus haut le service social des personnels. En quoi consiste-t-il, plus exactement ?
Il s’articule autour de trois assistantes sociales capables d’offrir un soutien immédiat aux agents en difficulté, pour le logement, les ressources financières, les violences intrafamiliales… D’ailleurs, en ce qui concerne les problématiques liées au logement, un soutien spécifique est également offert par l’un de nos agents, à court ou à long terme. Il faut dire que l’immobilier est particulièrement onéreux sur la métropole bordelaise, obligeant de nombreux personnels à se loger loin de leur lieu de travail. Cette mission spécifique, en place depuis déjà plusieurs années au sein du CHU, a donc été renforcée lors de son intégration à la direction QVT. Plusieurs partenariats avec des bailleurs sociaux et intermédiaires, mais aussi avec des agences de location de meublés, ont été formalisés pour offrir une aide concrète à ceux qui en ont besoin. Dans la continuité de cette action, l’un de nos agents travaille aussi sur les mobilités pour, par exemple, proposer des ateliers ou mener des aménagements internes comme l’implantation d’équipements de vélo.

Votre direction est également en charge de la mission handicap…
Effectivement, la QVT, c’est aussi penser l’égalité de tous au sein de l’établissement. C’est pourquoi cette mission nous a été rattachée. C’est une fois de plus un sujet sur lequel le CHU est engagé depuis longtemps, en aménageant par exemple les postes et en menant un travail sociologique auprès de tous. « Arrêtons de voir les personnes en situation de handicap sur ce qu’elles ne peuvent pas faire, mais sur ce qu’elles savent faire et peuvent apporter », tel est le message que nous portons auprès de toutes les équipes, dans le but de changer la représentation mentale du handicap.

Menez-vous également des missions ponctuelles ?
Oui, cela peut arriver. Il y a quelques mois, nous avons par exemple participé au développement d’un projet d’amélioration du sommeil, en lien avec le Pr Pierre Philip, responsable de la clinique du sommeil du CHU. Les équipes médicales ont réalisé un questionnaire qui leur a permis de dresser un premier profil des agents de l’établissement. Puis, parallèlement à la sortie de l’application Kanopée, justement développée par le Pr Philip pour aider aux problèmes de sommeil, d’addiction et de stress liés au confinement, nous avons mené toute une série d’actions lors de la semaine QVT : ateliers de méditation, de nutrition, d’activité physique… Notre but était ici d’apporter des outils simples pour que les agents puissent améliorer leur sommeil. Nous souhaitons par la suite mieux cibler cette approche sur les profils les plus à risque.

Votre direction mène aussi plusieurs actions en faveur de la lutte contre les violences et discriminations. Comment s’inscrivent-elles dans les problématiques liées à la QVT ?
Parce que la qualité de vie et la qualité du travail pâtissent forcément de ces comportements déviants, il est nécessaire de s’y pencher. Comme tous les hôpitaux, le CHU de Bordeaux travaille depuis longtemps sur les violences exogènes, mais la montée de violences endogènes, et notamment les violences sexistes, impose une réflexion spécialisée. Un certain nombre de jeunes femmes, et cela est heureux, ne sont plus disposées à supporter ce que d’autres ont enduré avant elles. Et le CHU de Bordeaux compte bien les soutenir en luttant contre le sexisme, la misogynie et le paternalisme, d’abord sous l’angle disciplinaire, en recadrant les comportements déviants, mais aussi à travers une approche plus douce, en travaillant à changer les mentalités. Nous sommes ici en lien avec la direction de la communication et les partenaires sociaux, également très impliqués dans ces démarches, et souhaitons continuer à monter en compétence pour avancer sur ce changement. Il est nécessaire que tous comprennent qu’en termes de discriminations et de sexisme, à l’hôpital c’est « tolérance zéro ».

Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.






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